Gaston le téléphon qui son



Compose laisse sonner un peu raccroche espère qu’il a pas d’afficheur ou que c’est pas un cell respire dis-toi que t’es vraiment niaiseuse que t’as plus douze ans que tu penses trop à lui pour chocker maintenant compose encore laisse sonner pour vrai sonne sonne sonne boîte vocale embarque merde je fais quoi laisse un message ou pas pense vite son petit « salut moi c’est Simon la rock star de tes rêves je suis peut-être occupé à frencher une fille plus cool que toi ou peut-être que je suis juste parti à l’épicerie parce que je fais ça aussi des fois » est à veille de finir il faut que tu décides tu fais quoi?

Salut Simon c’est Sophie j’aimerais ça te parler te voir mettons mais t’es pas là ça aurait été le fun que tu répondes je te dirais bien de me rappeler mais je pense pas que tu le fasses alors peut-être qu’un de ces quatre je vais me pointer à ton bar juste comme ça peut-être pas aussi remarque tu peux me rappeler si tu veux pas avoir à dealer avec une groupie de plus accotée au bar c’est une blague faque c’est ça à bientôt salut bye.

L'angoisse



J’ai son numéro. Dix chiffres noirs sur fond blanc. Le numéro du beau Simon. Il danse devant moi comme un enfant qui a besoin d’aller faire pipi. (Pourquoi cette image absurde? J’ai vu le flo de ma cousine hier – ça doit être pour ça.)

Le papier traîne sur mon bout de bureau et je capote.

Chaque fois que je passe devant j’ai l’impression qu’il me saute dans face.

Appelle.

Mais appelle!

Tu veux quoi hen? Te morfondre en criant Siiiiiimon en boule dans ton lit jusqu’à la fin des temps en espérant qu’il comprenne le message subliminal?

Sacrament.

À chacun ses fantasmes



J’ai une amie qui trippe sur les ingénieurs mécaniques. Elle se pâme chaque fois qu’elle en voit un. Parfois elle fake des raisons pour se retrouver sur des chantiers et chercher les casques de la bonne couleur. Demandez-moi pas ce qu’elle leur trouve. Elle est prête à tout pour en rencontrer, même appliquer à la cantine de l’ETS. Elle a une maîtrise. Pas en cuisine.

C’est ça qui m’a fait mourir de rire. Ça fait des années qu’elle nous parle d’ingénieurs mécaniques et qu’elle en rencontre pas de son goût. Me semble que ça doit pas être si dur à trouver, un ingénieur célibataire. En tout cas.

Mais là, elle a envoyé son cv la semaine dernière à la cantine de l’ETS. Pour de vrai. J’imagine la face de la personne qui recevra ce cv. Et l’entrevue. Tu veux travailler ici pourquoi? Pour rencontrer des gars! Je la ris encore. Alors, gensse qui vont à l’ETS, si vous voyez une nouvelle un peu trop allumée à la cantine et qu’elle échappe le sel dans la soupe chaque fois qu’un cute futur ingénieur mécanique passe, vous saurez que c’est elle.

S’il vous plaît, soyez gentils et donnez-lui votre numéro de téléphone. Ou plus simple, suivez-la dans les cuisines et frenchez-la avant qu’elle ait le temps de se rendre compte de ce qui se passe. Faites attention de pas vous faire accuser de viol par exemple. Vous êtes probablement pas un politicien français, mais quand même.

Bonne chance.

Je suis de même



Je veux revoir Simon. Je l’ai dans la peau. Il est con. Je m’en fous. Je veux aller au bout de cette histoire.

J’ai appelé Gen, pour lui demander si elle voyait encore Antoine. Elle avait pas l’air certaine. Je lui demande si elle peut pas trouver le numéro de l’autre. Elle dit oui, sûrement, mais tu sais que ça te fera pas gagner beaucoup de points? Je veux dire, tu vas avoir l’air pas mal désespérée. Oui, je sais, mais c’est quoi mes options?

- Attendre deux ou trois semaines et espérer qu’il recommence à faire des shows et me pointer comme une pauvre groupie en espérant que ça se terminera bien?

- Retourner au bar où il travaille?

- Harceler Antoine via toi pour me retrouver encore une fois dans un party avec lui?

Rien de très très top, vraiment.

Non, je vais juste l’appeler et lui dire que je veux le voir. Ça marche, ça marche pas. Au moins ça sera moi.



En mangeant mes céréales



Simon ou Gab? La rockstar fuckée et tellement sexy ou le bon beau gars intéressant avec des idées? Le gars impossible ou le gars disponible? Est-ce que les bons côtés de chacun pourraient pas fusionner et venir sonner à ma porte, maintenant mettons?

Il est où mon mini-wheat à moitié sain et à moitié givré?

Le club vidéo



Le gars qui travaille au club vidéo est trop beau. Chaque fois que je passe devant j’ai le goût d’aller louer un film. Puis, deux secondes après je me dis que c’est clair que je suis pas la première à y penser et qu’il a probablement un pad de papier caché en dessous de son comptoir et qu’il fait une marque dessus à chaque fois qu’une pauvre fille fait semblant d’aller lui demander des conseils cinéma juste pour aller le cruiser.

Je veux pas être une coche sur un pad.

Les pâtisseries portugaises



Il a amené des pâtisseries portugaises. Celles avec de la crème dedans. Moi j’ai fait du café et j’ai coupé des oranges. On s’est installés dans la verrière et on a jasé de la vie. De tout. De rien. C’était pas mal parfait.

La journée a passé, on était encore assis à la même place à trouver que finalement, on pensait pareil sur tout.

J’étais bien et en même temps je le filais pas. Je voulais pas qu’il se passe quelque chose.

On s’est retrouvés debout, il a essayé de m’embrasser. J’ai figé. J’ai dit non, pas là.

Je veux même pas recevoir de commentaires. Je le sais, ok?

Comble du boutte-de-la-marde



C’est drôle. Très drôle. Presque trop.

C’est maintenant que Gabriel aux yeux noisette décide de rappliquer. Il m’appelle et il dit qu’il viendra bruncher avec moi samedi. Est-ce que j’ai quelque chose d’autre de prévu? Sérieux. Je me fais jamais cruiser par personne et là, quand j’ai vraiment la tête ailleurs, à penser à un autre. Quand c’est presque possible. En tout cas, assez pour m’obséder. C’est à ce moment précis qu’un autre gars, parfaitement potable, probablement intéressé, choisit de me relancer.

Pourquoi?

Pourquoi quand il y a rien, il y a vraiment rien, et dès qu’il se met un peu à se passer quelque chose, tout le monde se donne le mot pour te trouver fantastique en même temps? Prenez un numéro câlisse et répartissez-vous également. Comme ça il y aura pas de chicane et tout le monde va être heureux.

Mais non. La vie c’est juste jamais parfait. Encore un choix à faire. Courir après Simon? Essayer avec Gab, voir ce qui arriverait? Faire les deux et espérer que toute me pète pas dans face?

Pleurer? Parce que moi, je sais pas jouer à ça.

Câlisse Simon!



Je suis encore en état de choc. Il veut que je fasse quoi là? Que je lui coure après, pas vraiment, mais juste assez pour qu’il change d’idée? Que je lui donne pas le choix? Que je laisse tomber? Pourquoi il me frenche à chaque fois qu’il me voit alors? Que je lui fasse accroire qu’il m’intéresse pas mais qu’on pourrait se pogner pareil? Que je me tape son ami pour qu’il réagisse? Je connais juste Antoine et je peux pas faire ça à Gen.

Je sais pas quoi faire. Je suis nulle avec ces games-là. Un garçon out there pour m’aider un peu?

Ah ben fuck, Simon, veux-tu ben me dire pourquoi?



J’ai trouvé une amie que mes niaiseries amusent et on s’est pointées au club. Juste à l’heure qu’il faut pour être fashionably late, mais trop tard pour éviter les foutus line-up.

Dans le dit line-up, je croise, évidemment, Antoine.
-         Eille salut, t’es venue voir notre beau DJ préféré?
-    (Malaise. Pourquoi il apparaît toujours quand je m’apprête à faire un move particulièrement pathétique?) Heu non, non. En fait c’est Gen qui voulait vraiment venir ici. Moi j’avais rien de spécial à faire ça fait que je suis venue avec elle. Mais c’est vrai, Simon est DJ est ici, j’avais pas fait le lien.

(Look très dubitatif dans le coin gauche et dans le coin droit aussi. Gen comprend pas pourquoi je viens de dire un truc aussi stupide et Antoine ne me croit juste pas. Super. J’essaye de me rattraper un peu.)
-       Mais j’y pense, me semblait que ça me disait de quoi ce nom-là (en parlant du club). Je comprends pourquoi là. Hum, Gen je te présente Antoine. Antoine, Gen. Toi, t’es venu avec qui?
-       Moi, je suis venu voir Simon, mais je l’assume. Il finit tôt à soir, on voulait aller prendre une bière après.
-       Ah ouais… Ok. Pis, il va bien Simon?
-       T’iras lui demander.

Joie ou malheur des line-up dans les clubs, il avait fini par avancer et c’était à notre tour d’entrer. Antoine est comme un peu disparu, ou peut-être que c’est moi qui ai tiré tellement fort sur la mini robe de Gen qu’on s’est retrouvées aux toilettes toutes les deux. Je sais plus.

En tout cas. Je capotais solide. Gen me dit que c’est une bonne nouvelle, qu’on sortira avec eux après, que tout va bien et qu’elle Antoine, elle le trouve cute. Alors je faisais bien ce que je voulais, mais elle avait l’intention d’aller lui parler. Maintenant, genre.

On se retrouve pas trop loin d’Antoine, qui est pas trop loin du bar, qui est pas trop loin de Simon. Gen va jaser à Antoine et moi j’essaye d’attirer subtilement l’attention de Simon et au moins, de lui dire salut.

Il finit par me voir et me fait un petit signe de la tête et un beau sourire. Ouf. Je relaxe un peu.

Pas longtemps après il vient me saluer et me jaser. Il dit qu’il est content de me voir. (Et moi de sourire comme une conne. Ça prend vraiment pas grand chose me rendre heureuse.) La panique du début passée, finalement, j’étais plutôt bien. Il me dit aussi qu’il finit bientôt et qu’on pourrait sortir prendre un verre ailleurs. J’ai réussi à placer quelques mots sans avoir l’air complètement débile.

On atterrit Chez Baptiste.

Gen s’asseoit à côté d’Antoine et moi, à côté de Simon. J’arrive pas trop à comprendre dans quelle vibe on est. Est-ce qu’on est en train de se cruiser? Ou pas vraiment? Qu’est-ce qu’il veut? C’est pas clair.

Dans le doute, je me dis que je suis mieux de continuer à boire.

Des fois il me regarde comme s’il me trouvait fantastique. D’autres fois il a l’air de se câlisser de moi comme de l’an quarante. Je suis un peu perplexe et pas assez saoule pour ne pas trouver ça bizarre.

Gen et Antoine se parlent de pas mal proche et ils rient souvent. Ils ne voient rien aller de ce qui se passe à l’extérieur de leur petite bulle.

Simon se lève, me dit qu’il s’en va. Il me donne deux becs et il part.

Hein! Sous le choc, ça me prend un gros dix secondes réaliser que c’est pas mal maintenant le temps de faire quelque chose. Alors je cours après lui dehors.

Je le rattrape.
-       Attends! Tu fais quoi là? Qu’est-ce que j’ai pas compris?
-     Je t’aime bien Sophie. T’es cute, tu me fais rire. Mais l’autre soir tu m’as dit que tu voulais pas d’un one night foireux et moi, vraiment, je peux pas t’offrir rien d’autre que ça. Je suis pas fiable. Je sais jamais ce que je veux dans la vie. Tombe pas en amour avec moi. J’en vaux pas la peine.
-       Tu vas pas partir de même!

On dirait bien que oui. Il m’a embrassée. Ou plutôt il m’a étampée dans le mur et il m’a frenché jusqu’à ce que mes jambes ramollissent. Et il est parti sans se retourner.

Et ben! Je comprendrai jamais rien aux garçons. Mais là, vraiment. Ça me dépasse. 

Bébé, on sort à soir



Bon c’est bien beau tout ça. Je vais peut-être connaître Gabriel aux yeux noisette un jour si le destin le veut bien. C’est merveilleux.

Mais Simon?
Je fais quoi avec ça?

Une histoire interminable (dans ma tête). Un blogue sur cette histoire. Plein plein d’anticipation pour ce party où, finalement, je l’ai quand même frenché. Et c’était plus que friendly.

Je vous ai dit que j’allais le revoir : c’est ce soir que ça se passe.

J’ai une mini confession à faire. Je vous ai censuré une partie de notre conversation les yeux dans les yeux pré le frenchage dans le divan de cette fille qu’on ne connaissait pas.

Je sais où il est DJ et je sais que ce soir, il travaille…

Danser dans la rue même quand il ne pleut pas



C’était le souper chez Amie Parfaite hier. Gabriel aux yeux noisette n’est pas venu. Il lui est arrivé quelque chose comme un ouragan familial et il paraît qu’il y avait beaucoup d’eau dans la cave et qu’il fallait sortir les squelettes du placard.

J’étais déçue. J’aurais bien aimé le revoir, en fait.

Au fond, ça m’a fait du bien de me rappeler qu’il y avait pas rien que le beau Simon dans la vie. Qu’il y a des garçons qui ont d’autres qualités que t’étamper dans le mur et te rendre stupide dès que tu les vois. Des yeux noisette, genre.

En rentrant chez moi, j’ai mis la musique à fond dans mon ipod et j’ai dansé dans la rue, toute seule, en souriant. Je pense que je me fais regarder plutôt de travers quand je fais ça. C’est pire quand je chante en même temps.

Je les plains toujours un peu, ces gens qui sont si plates qu’ils sont même pas capables de danser dans la rue.

Je fais peur aux enfants



De ces temps-ci, quand je vois des bébés dans la rue, je suis vraiment attendrie. Surtout quand ils sont hauts comme trois pommes. Assez grands pour marcher, mais pas assez pour ne pas se planter partout.

J’étais au parc tantôt il y a une petite puce qui m’a prise pour sa mère. Elle m’a couru jusqu’à la cuisse et elle s’est accrochée à moi. Quand je lui ai dit « allô », elle m’a regardée, elle a hésité une seconde, puis elle s’est mise à brailler toutes les larmes de son corps.